Actualités

Soutenons, aidons, luttons, agissons
pour les migrants et les pays en difficulté

Actualités

Archives du mois de 05 2010

Procès des Soudanais

27 mai 2010 -

Tribunal de Boulogne-sur-Mer, le 26 mai 2010

A1, A2, X3, C2, C4, C6 et C8, menottés et tirés par une corde bleue, s’assoient au banc des prévenus.

Ils sont accusés de « s’être, sur le territoire national, soustraits le 4 mai et depuis le 7 avril, à une exécution de reconduite à la frontière », régulièrement modifiée par la préfecture, et de « refuser de communiquer leur identité et tout élément permettant de mettre à exécution la mesure administrative ».

Cinq avocats commis d’office assuraient la défense des sept prévenus, deux traducteurs en arabe et un autre en anglais interprétaient inlassablement les dires de la cour.
Les prévenus ne parlent qu’un dialecte soudanais et ne parvenaient pas à répondre aux questions. Et forcément, ils ne comprenaient pas non plus ce qui leur arrivait.
L’un d’eux saisissait quelques mots d’arabe. Il a finalement décliné son identité et brièvement expliqué la raison de son silence. Un second a ensuite aussi donné son identité : nom, prénom, âge et lieu de naissance.

Le procureur s’est à plusieurs reprises exprimé sur le fait qu’il les soupçonne de comprendre les deux langues, anglais et arabe, mais de vouloir faire obstruction à la justice. De même, selon lui, ces Soudanais sont « personnes de pauvre culture, rustres » et « simples d’esprits ». _ De ce fait, ils auraient tout à fait pu être guidés par une « structure de passeurs » qui les obligerait à garder le silence face aux interrogatoires des forces de l’ordre.

Il a réclamé six mois de prison dont cinq de sursis et trois ans d’interdiction de territoire.

Après longues délibérations les sept Soudanais ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis valable cinq ans, ainsi que trois ans d’interdiction de territoire français.
Libérés le soir même à la maison d’arrêt de Longuenesse, les condamnés ont mis 10 heures à rentrer sur Calais.

Plus d’info ici

Point d’orgue sur la santé des migrants

20 mai 2010 -

M. Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a organisé une réunion, mercredi 19 mai, avec les associations du littoral qui viennent en aide aux migrants. Son but était d’établir une analyse plus affinée de la situation de ces derniers, en vue d’une rencontre le jour suivant, avec le ministre français de l’immigration.

Passant sur le règlement Dublin II qui organise les questions de l’immigration dans l’espace européen, le Commissaire a ouvert le débat en évoquant d’emblée le harcèlement des forces de l’ordre. Elles ne se contentent pas d’effectuer des contrôles d’usage, mais s’évertuent à rendre le séjour des migrants inconfortables. D’autres problèmes d’une triste banalité ont été soulevés, tels l’hébergements (Plan Grand Froid) ou encore la question des Mineurs Isolés Etrangers.

On note cependant un bilan médical intéressant, dressé par le docteur Benoît Savatier, qui pilote l’équipe de Médecins du Monde sur le Dunkerquois et vient prodiguer des soins une fois par mois à la PASS de Calais.

© Thomas Baltes Dans un premier temps, il a évoqué les problèmes traumatologiques des migrants. A leur arrivée, ils sont déjà mal en point de par leur passé aventureux. Non seulement la route a été longue et périlleuse, mais n’oublions pas que pour la plupart, ils viennent tout droit de pays en guerre, dont ils portent des stigmates : blessures mal soignées dues à des explosions de bombes et de mines, balles perdues… Ici, cet état n’a pas l’occasion d’être amélioré, bien au contraire. Pour atteindre l’Angleterre, il faut franchir des murs, sauter dans les camions etc. Ce parcours du combattant répété plusieurs fois entraîne des fractures. A ces causes, s’ajoutent les rixes, inter-ethniques, avec les passeurs et aussi la police, notamment les CRS à Calais. Dr. Savatier n’a pas manqué de rappeler que les bagarres entre migrants et populations locales étaient quasi-inexistantes.

Nombreux sont également les symptômes liés au manque d’hygiène et de qualité de vie. Les cabanes des migrants étant systématiquement détruites (surtout à Calais), ces derniers manquent cruellement de sommeil et souffrent d’épuisement. Le manque d’accès à l’eau, malgré les efforts fournis, favorise le développement de pathologie comme la galle ou l’impétigo. Effectivement, l’accès aux douches reste insuffisant. Tandis qu’à Calais, un migrant peut se laver en moyenne une fois par semaine, à Dunkerque, on ne peut proposer qu’une soixantaine de douches hebdomadaires pour un total de 150 personnes environ.

D’abord opprimés dans leur pays d’origine, puis pourchassés en Europe et à plus forte raison dans le soit-disant « Pays des Droits de l’Homme », les migrants subissent de grands troubles psychologiques. Le temps d’attente précédant le passage espéré vers l’Angleterre peut être très long et angoissant, car la famille, qui s’est endettée pour payer les passeurs, fait pression pour obtenir de l’argent. Le retour en arrière est impossible, alors que l’impression de se trouver dans une impasse persiste. Cela mène à des dépressions et sinistroses, qui se manifestent chez certains par des poussées de violence, voire de l’automutilation (scarification).

Ce parcours médical type d’un migrant ne serait pas si dramatique si l’accès aux soins n’était pas si compliqué. Dr. Savatier a montré du doigt le manque de moyens pour soigner correctement les patients. Exemple éloquent : comment bien saisir la source du problème quand, défaut d’interprète, on n’est pas en mesure de comprendre le souffrant ? De même, la plupart d’entre eux n’osent même pas se rendre à la PASS, car il existe un risque de se faire arrêter en route. « Par peur de perdre leur liberté pour accéder à la santé », pour rendre les termes du responsable dunkerquois de Médecins du Monde.

Pour plus d’info sur la venue du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, cliquez ici.

Photo : © Thomas Baltes

Bailleul : fin d’une première saison

15 mai 2010 -

Pour notre association partenaire Flandre Terre Solidaire, la période hivernale se termine le 15 mai et ne signifie pas une fin de trêve, débouchant sur la mise à la rue de nos amis.

Le centre d’aide et de repos Intermed n’accueillera certes plus de nouveaux arrivants, mais garde en son sein les onze derniers migrants hébergés. Il faut dire qu’ils sont tous en procédure de demande d’asile, détenteurs d’APS ou d’une protection subsidiaire, voire réfugié politique pour 10 ans. Malheureusement leurs divers statuts ne leur ouvrent pas forcément les portes des CADA, par ailleurs surchargés de candidats à l’asile.

Pour clôturer cette première saison en beauté, l’association présidée par Claire Cleenewerck a organisé une soirée-grillades où tous les bénévoles et sympathisants étaient conviés. C’est forcément avec grand plaisir que des bénévoles de SALAM se sont rendu à Bailleul le 14 mai, après la distribution.

Une bonne centaine de personnes étaient présentes pour une soirée riche en bonne humeur, en bons petits plats et en musique bien entendu. Les derniers chanceux du centre étaient également présents et ce fut un bonheur de les voir régénérés, souriants et parlant déjà très bien français pour certains. Lalahjane, plus connu chez nous sous le nom de « Macaroni » nous a fait l’honneur d’une démonstration de danse dont il est le seul à connaître les secrets, tandis que d’autres brillaient dans l’art de la vocalise.

Le micro a également été pour eux une occasion d’exprimer leur gratitude envers les bénévoles de FTS et de SALAM. Des discours qui font chaud au cœur et qui donnent de la force pour continuer le combat.

Merci à eux et aux bénévoles de FTS. Rendez-vous à Calais pour les distrib’ du samedi, mais également l’hiver prochain pour le renouvellement de l’opération.

Blog de Flandre Terre Solidaire

Carnet rose

13 mai 2010 -

Un peu de tendresse dans ce monde de brutes : une chatte a choisi le lieu de distribution de nourriture, rue de Moscou, pour mettre au monde cinq adorables petits chatons. Du coup, certains de nos amis se sont responsabilisés pour le bien-être des nouveaux-nés et de leur maman.
Cela n’est pas si anodin que cela pourrait paraître. La petite famille féline a apaisé les tensions au sein de certains jeunes Afghans, qui par la même occasion, se sont refait un moral. Quand on a demandé à l’un d’entre eux comment il allait, il a répondu : « Bien, j’ai une famille à nourrir maintenant ! »

Procès de Jean-Claude Lenoir

12 mai 2010 -

Le vice-président de l’association SALAM est comparu, hier, devant le tribunal d’appel de Douai pour outrage. Le 31 juillet 2009, il avait été relaxé, mais le parquet avait fait appel de la décision.
C’est ainsi, que, soutenu par sa famille, l’association et de nombreux sympathisants, Jean-Claude Lenoir a dû se présenter, une nouvelle fois, devant la justice, pour des faits qui datent du 8 novembre 2010.
A cette époque, il était question de procéder à des arrestations de migrants afghans dans le but de remplir des charters franco-britanniques à destination de Kaboul. Depuis quelques temps, des compagnies de CRS aidées d’hélicoptères qui volaient à basse altitude menaient à une véritable chasse à l’homme dans la zone des dunes, où les migrants se posent habituellement, dans les « jungles ».
SALAM trouvait évidemment ces agissements insupportables. Pour éviter que des jeunes gens soient renvoyés en Afghanistan et apaiser les tensions, des bénévoles se rendaient dans cette partie de Calais, en signe de protestation.

Ce 8 novembre, Jean-Claude Lenoir a eu le malheur de marcher quelques mètres en avant du groupe, en direction d’un cordon de CRS. L’un d’entre eux crie : « il nous a insulté ». C’est alors qu’il est bousculé, se laissant choir en guise de « résistance passive », pour reprendre des termes employés dans la salle d’audience. Puis, il est traîné sur le sol par les jambes, si bien que ses vêtements remontent et qu’il se retrouve torse nu, en pleine nuit d’hiver. Enfin, il sera emmené par la police nationale au commissariat, où on le mettra en garde à vue.
Trois des cinq CRS concernés porteront plainte pour outrage. Selon eux, notre porte-parole aurait proféré des propos insultants (« Allez vous faire voir, bande de cons », supplanté par la suite par « allez vous faire foutre », version plus « édulcorée », selon l’avocat général) et serait jeté à terre et déshabillé volontairement afin de faire croire à la bavure.
Maître Deguines a bien su insister sur l’élément central : la présence de Calais-TV. Les CRS auraient pu avoir pris conscience d’être allé trop loin avec Jean-Claude Lenoir, et ce, peut-être, devant des caméras qui auraient enregistré les images – ce qui n’a pas été le cas. C’est ainsi que pour se protéger, ils auraient entamé des procédures légales, pour lesquels ils n’ont jamais pris la peine de se déplacer.
Nous notons par ailleurs qu’ils ne demandent que l’euro symbolique en guise de dédommagement. L’avocat général réclame 2000€.
Bien sûr, nous espérons de tout cœur qu’une justice digne de ce nom confirmera la relaxe.

Vidéos de Calaisis-TV ici

Manifestation devant la prison de Longuenesse

7 mai 2010 -

Ce vendredi 7 mai, de manière symbolique, des membres et sympathisants de SALAM se sont réunis devant la prison de Longuenesse pour témoigner leur soutien aux sept détenus soudanais et leur colère face à une justice, qui finalement, leur reproche de ne pouvoir communiquer.

Une fois de plus la France se déshonore en emprisonnant des réfugiés qui croient pouvoir échapper à la mort en Europe et plus particulièrement en France, connu comme berceau des Droits de l’Homme.

Après les célèbres charters à destination de l’Afghanistan c’est aujourd’hui vers le Soudan que la France oserait déporter nos amis réfugiés !

Halte aux charters de la honte et à l’emprisonnement abusif

Nous vous demandons de venir soutenir en nombre nos amis lors de leur nouveau procés le mercredi 26 mai à 14h au Tribunal de Boulogne sur mer.

Pour en savoir plus



Association Loi 1901, parution au J.O. du 31 mai 2003 | Mentions légales | Webdesign & réalisation : Le Sens de Votre Image