Salam « On en a assez de la pression policière »
24 février 2011 - Nord Littoral - Vincent Pihen
Vendredi soir, l’association Salam tenait son assemblée générale au centre européen de séjour. Cette réunion donnait l’occasion à ses dirigeants de faire le point sur la situation des migrants et de fustiger le comportement oppressant de la police nationale.
La soirée commença par une bonne note pour les adhérents de Salam venus assister vendredi à l’assemblée générale, au centre européen de séjour : « Tout le monde, y compris la municipalité, trouve que l’on fait du très bon travail », déclare Jean-Pierre Leclercq. Le président de l’association se félicite aussi de l’augmentation du nombre de bénévoles et également du versement d’une subvention de 3 000 euros pour l’achat de tapis de sol et de couvertures à l’occasion du Plan Grand froid.
Mais ce sera le seul moment de satisfaction. Car pour Jean-Pierre Leclercq et les membres de l’association Salam le savent, la situation est loin d’être réglée : « Le nombre de migrants arrivant sur le littoral continue à augmenter, poursuit le président de Salam.
Les soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient ne risquent pas d’arranger les choses. Il faudra s’attendre à un nouveau flux de migrants.
Mais qu’en faire ? Il nous faut continuer nos actions et les aider à vivre dignement ».
Le comportement des élus agace aussi les membres de l’association Salam. Même si les collectivités territoriales (mairie, Département, Région) ont augmenté de 8 000 euros la subvention allouée à l’association (48 672,87 euros), Jean-Pierre Leclercq regrette leur gestion des migrants : « Le camp de Loon-Plage a fermé ses portes, la capacité de Tétéghem a sérieusement baissé et le squat Thélu de Calais va être rasé en septembre. Les choses n’ont pas changé mais on tente plutôt du côté des élus locaux et régionaux de déplacer le problème. Pour eux, il est nécessaire de s’occuper des migrants mais l’idéal serait que ça soit hors de son territoire ».
Mais ce qui fait fulminer le président de Salam et ses bénévoles, c’est le comportement oppressant des policiers de Calais. Jean-Pierre Leclercq constate une augmentation de la pression mise sur les épaules des migrants mais aussi sur celles des bénévoles : « On a de plus en plus de difficultés à leur venir en aide à cause d’eux. Chaque jour, ils sont devant les portes du lieu de distribution de repas pour contrôler ou arrêter des migrants, voire des bénévoles. En faisant cela, la police profane un sanctuaire. On en a assez de cette pression policière qui use le moral et le mental des migrants et de nos bénévoles. Tout ce qu’ils veulent, c’est instaurer un climat de peur afin de leur rendre la vie impossible, et les faire fuir ou les décourager de venir ou de revenir sur Calais ».
L’association Salam voit donc l’année 2011 sous un jour pessimiste. Mais elle reste déterminée à mener ses actions malgré certains bâtons que l’on peut lui mettre dans les roues.
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