Meurtre d’un migrant à Calais : l’homme interpellé libéré, une vingtaine de migrants manifestent
5 février 2014 - La Voix du Nord - M. GO.
Une vingtaine de migrants de différentes nationalités ont tenté ce mardi midi d’occuper le port de Calais, en réaction au décès de deux d’entre eux ces derniers jours, et pour protester contre leurs conditions de vie à Calais.
La nouvelle du meurtre d’un des leurs, dimanche soir dans la zone Marcel-Doret à Calais, a été le fait de trop. Alors ce mardi matin, une vingtaine de migrants de différentes nationalités - majoritairement des Syriens et des Égyptiens - ont décidé d’occuper le port. Arrivés à la passerelle du terminal ferry, ils ont très vite été refoulés par la sécurité du port. CRS et police nationale se sont rendus sur place en nombre pour bloquer tous les accès du port aux migrants.
La vingtaine d’hommes était accompagnée de plusieurs militants et associatifs (Calaisiens engagés, No Borders et plusieurs membres du Secours catholique étaient sur les lieux). Ils sont restés devant les grilles du terminal pendant plus d’une heure trente, encadrés par les CRS. Plusieurs ont exprimé leur profonde tristesse et leur colère après le décès, ces derniers jours, de deux migrants : l’un a été percuté sur l’A16 dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, l’autre a été tué par balle dans la zone industrielle Marcel-Doret dimanche soir. Ces deux drames sont survenus dans un contexte déjà difficile pour les migrants à Calais. « On a fui la guerre pour venir ici et nos amis meurent sur les routes. On dort sous les tentes, où l’eau nous envahit dès qu’il pleut et personne ne vient nous voir pour nous aider », a expliqué l’un d’eux. Plusieurs se sont plaints de contrôles et de fouilles répétés de la part de la police sur leurs campements, et d’avoir été insultés ou frappés ces dernières semaines par des CRS. Interrogé sur ce point, le sous-préfet de Calais Alain Gérard a déclaré être « très surpris » par ces allégations : « Très clairement, nous n’avons reçu aucun dépôt de plainte de la part des migrants, ni d’autres personnes ou des associations. Aucun fait de violence envers les migrants n’est établi et il faut prendre ces propos avec beaucoup de prudence », a-t-il expliqué. Alain Gérard rappelle que les CRS (dont la présence a été renforcée suite à la venue du ministre Manuel Valls à Calais) « font leur travail et interpellent sur réquisition du parquet, mais sans violences ni insultes. S’il y avait eu la moindre dérive, nous en aurions été avisés ».
Vers midi, deux policiers sont allés à la rencontre des migrants pour mieux connaître leurs intentions et les convaincre de quitter les lieux. Il a été décidé un temps que le groupe aille manifester jusqu’à la sous-préfecture de Calais, ou même jusqu’à l’hôtel de ville, afin de trouver un interlocuteur face à qui exprimer ce ras-le-bol, puis cette idée a été abandonnée. L’action s’est terminée sans heurts vers 12 h 30.
Homicide : l’homme interpellé a été remis en liberté
L’enquête se poursuit après la découverte du corps d’un migrant, dans la nuit de dimanche à lundi à Calais. L’autopsie, réalisée ce mardi, a confirmé que l’homme était décédé après avoir reçu une balle dans le thorax. L’arme du crime est probablement un fusil. La victime serait un migrant âgé d’une trentaine d’années, probablement iranien ou irakien. Un homme se présentant comme un de ses amis avait alerté les secours dimanche soir : il a été placé dans un premier temps en garde à vue dans les locaux de l’antenne de la police judiciaire, à Coquelles, chargée de l’enquête, avant d’être mis hors de cause et libéré ce mardi après-midi. Cet Iranien, inconnu des services de police, n’était en fait qu’un témoin de la scène, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer. Par ailleurs, une information judiciaire pour homicide volontaire sera ouverte ce mercredi.
Source de l’article
|