Enfants, avant d'être étrangers sans-papiers

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Enfants, avant d’être étrangers sans-papiers

21 février 2010 - Nord Littoral - A.TH.

Plus de quatre-cents mineurs isolés étrangers ont été pris en charge
depuis le début d’année.

Nord LittoralLa population migrante présente sur le Calaisis compte également des mineurs. Certains de ces enfants sont isolés. Quelles solutions pour les accueillir ? C’est l’alerte lancée par l’association France terre d’asile alors que l’Union européenne travaille à un cadre normatif spécifique aux mineurs isolés étrangers.

Calais, illustration d’une violation quotidienne des droits de l’homme. Nul n’en disconvient. Peu la combattent. Beaucoup s’abritent derrière l’État sans valoriser l’homme. On applique les accords particuliers comme ceux ratifiés à Schengen ou Dublin plutôt que les textes fondateurs comme la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Les États se soucient de réguler les flux, de ménager l’opinion publique, au détriment de l’intérêt supérieur de l’individu. Qu’il soit adulte ou enfant n’entrave en rien l’option étatique. Aussi la Convention internationale des droits de l’enfant n’a-t-elle pas plus de poids que la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Quand bien même célébrons-nous son vingtième anniversaire cette année.

2 222 mineurs isolés en 2009
En 2009, 2 222 mineurs isolés étrangers ont été repérés et placés en foyer sur le Calaisis. Ce territoire dispose de deux maisons d’enfants à caractère social, Yvonne-de-Gaulle, à Blériot, et Georges-Brassens, à Calais. Au-delà de leurs missions habituelles, l’un et l’autre sont chargés d’héberger les mineurs isolés étrangers qui leur sont confiés par les services de l’État. Ces structures sont sollicitées par la police aux frontières ou par la cellule d’accueil des mineurs étrangers du conseil général du Pas-de-Calais après que le magistrat a établi une ordonnance de placement provisoire au titre de l’enfance en danger. En 2009, le parquet de Boulogne-sur-Mer a délivré 2 222 ordonnances de placement provisoire. L’année 2010 démarre cependant bien plus fort puisque le procureur de la République en avait déjà délivré 441, à la date d’hier (lire le détail page ci-contre).
Une évolution paradoxale dans la mesure ou la "jungle" a été arasée et les squats calaisiens systématiquement démantelés. Le nombre de migrants présents sur le Calaisis a fortement baissé. Pas celui des mineurs placés dans des maisons d’enfants à caractère social ou chez des assistantes familiales agréées.
Preuve peut-être, que les migrants ne sont pas moins nombreux mais sans doute plus éparpillés...

Pour une prise en charge adaptée
Malheureusement, cette prise en charge des mineurs isolés étrangers - qui ressort de la protection de l’enfance - est pour le moins inadaptée.
Migrants et jeunes Français en difficulté se côtoient dans les structures. Les étrangers fuient rapidement. Un mineur sur deux ne reste pas plus d’une nuit et 4 % seulement restent plus de deux jours. Dans ces conditions, difficile pour les services départementaux d’aider les mineurs isolés étrangers à s’inscrire dans un parcours
d’intégration.

L’association France terre d’asile, qui a une mission à Calais, gage que l’Union européenne tiendra compte de plusieurs de ses recommandations lors de son accès au territoire (assistance matérielle et médicale, pas de privation de liberté, nomination d’un représentant légal), lors de sa prise en charge (protection adaptée, accès à
l’éducation), en matière d’accueil (procédure d’asile adaptée, dispositif d’hébergement approprié)... Clairement France terre d’asile gage que le statut d’enfant, protecteur, primera sur le statut d’étranger sans-papiers.
(Photo : Nord Littoral)

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