Boulogne-sur-Mer : trois soudanais condamnés malgré l’absence d’interprète
27 mai 2010 - Nord Eclair
Le tribunal de Boulogne-sur-mer a condamné mercredi à trois mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction du territoire sept clandestins soudanais, alors que selon France terre d’asile (FTA), ils ne pouvaient se faire comprendre faute d’interprète.
Dix clandestins ont été jugés au total, après avoir été interpellés début avril à Calais. Ils étaient poursuivis pour avoir fait obstacle aux mesures d’éloignement dont ils font l’objet.Trois d’entre eux, qui pouvaient s’exprimer, selon une avocate, ont été jugés le 5 mai et condamnés à la même peine. Les sept autres, parmi lesquels un seul était en mesure de décliner son identité, selon cette avocate, avaient été renvoyés mercredi devant le tribunal.
« La pénalisation de la procédure d’éloignement est une grande inquiétude, une grande première », a déclaré le président de FTA, Pierre Henry. Il avait évoqué l’hypothèse que les prévenus parlaient une langue rare employée par une ethnie du Soudan. « Ca crée quand même un malaise de voir des gens qui sont présentés qui ne s’expliquent pas, qui ne communiquent pas, qui ne comprennent pas (...) C’est la première fois que je vois ça », a déclaré l’avocate d’un des clandestins, Me Marie-Hélène Callone.
« Au-delà de savoir s’ils parlent ou pas, la question est de savoir si on peut exiger qu’ils collaborent à cette mesure, on ne peut pas leur demander d’accepter de retourner au Soudan », a estimé Me Callone, qui évoque « un pays en guerre ».
La préfecture du Pas-de-Calais avait affirmé le 5 mai que ces étrangers en situation irrégulière se sont enfermés dans un « mutisme absolu » face à la police, ce qui a entraîné des poursuites du parquet. Certains ont simplement dit qu’ils étaient Soudanais, selon la même source, soulignant que « toutes les parties du Soudan ne sont pas en guerre ». Le procureur avait requis six mois de prison dont cinq avec sursis et trois ans d’interdiction de territoire.
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